dimanche 29 juillet 2012

Des films et des grottes

Pfiou. Eh bien voilà un mois de juillet fort chargé qui vient de s'écouler ! Je dis s'écouler, mais le terme le plus approprié, ce serait, encore et toujours : "filer en coup de vent", tant la sensation qu'il m'en reste, c'est que je n'ai pas trouvé le temps de faire le quart de ce que j'aurais souhaité. Tant pis. Avançons à pas menus, mais avançons tout de même.
Et pourtant, ce mois de juillet fut riche en découvertes.



Avec pour commencer, cet extraordinaire festival du film de préhistoire de Pech Merle, Objectif Préhistoire, qui s'est déroulé au début du mois sur le site de la célèbre grotte ornée (non, pas dedans, tout de même). Je ne sais pas si la réussite de cette manifestation a tenu à l'atmosphère spéciale qui entoure cette colline magique du Pech Merle. Je crois surtout qu'elle a tenu à la très grande qualité de l'organisation du festival, qui a laissé pantois pour une première mouture. Il y a des fois comme ça où on sent quand on participe à un truc historique, vous voyez. Eh ben là, ce festival, c'était clairement THE place to be en ce début d'été.


D'ailleurs il y avait plein de monde. Pas mal de gens déjà connus, mais aussi d'autres que j'ai rencontré avec grand plaisir. Le festival a duré quatre jours, extrêmement denses, avec projections du matin au soir entrecoupées de repas conviviaux, de dédicaces méga speed, de pauses-clopes bla-bla, de soirées cool jusqu'à (très) tard dans la nuit avec vidage de verres (modéré), débats de fonds sur la préhistoire, la recherche, la création, l'univers et le reste, racontage de vie, et tutti quanti. Je ne peux pas saluer tout le monde nominalement, mais si vous y étiez et que vous lisez ces lignes, sachez que je vous salue bien (ou vous embrasse si vous êtes une femme). Des photos sur la page facebook du festival et d'autres ici.

Grosse moisson de films super intéressants ! Moi qui n'ai plus la télé depuis des années, ça m'a donné l'occasion de voir notamment quelques excellents docus déjà diffusés que j'avais ratés, et surtout d'en voir d'autres en avant-première. Je ne vous redonne pas la liste des films projetés, il y en avait trop (26 je crois), mais voici le palmarès, après quoi je vous parlerai de mes coups de coeur :
Le Grand Prix du Jury a été attribué à "L'Homme de Florès ou le conte des derniers Hobbits" de Laurent Orluc. (Excellent)
Le Prix de la méditation scientifique a été attribué à "Les premiers européens" d'Axel Clévenot. (J'ai dormi)
Le Prix de l'approche originale a été attribué à "Le Messager de Lascaux" de Bernard Férié. (Magnifique)
Le Prix du Public a été attribué à "Grands maîtres de la préhistoire, le génie magdalénien" de Philippe Plailly et Pierre-François Gaudry. (Pas mal du tout)
Le Prix des enfants a été attribué à "Tadufeu" de M.Bellamy, C.Braconnot, F. Delfortrie, J.Jamme et O.Pierre. (Rigolo)
Deux mentions spéciales du jury ont été attribuées à :
"Les montagnes néolithiques" de Rob Hope et "Le dernier paysan préhistorien" de Sophie Cattoire.

Je n'ai pas pu voir absolument tous les films. Par exemple, j'ai raté Le dernier paysan préhistorien. Mais j'en ai quand même vu un bon nombre, alors voici ceux qui m'ont marqué.

Tout d'abord, Le messager de Lascaux, de Bernard Férié. C'est un film documentaire magnifique qui donne la parole à des artistes, des historiens, des philosophes, pour tenter de comprendre pourquoi Lascaux nous submerge d'une telle émotion, et quel peut être le message que nous transmet ce chef-d'oeuvre, par delà le temps. Mention spéciale aux interventions de Pierre Bergounioux, qui par leur sensibilité et leur intelligence forment un contrepoint dramaturgique parfait avec les bouffonnades de Ph. Sollers. A noter également, en fil rouge dans le film, le récit magnifiquement mis en image d'un des peintres de Lascaux, à l'époque préhistorique. A voir absoulment. 


Ensuite, j'ai beaucoup aimé aussi Les montagnes néolithiques, de Rob Hope. Un récit à la fois scientifique, lyrique et intime, qui nous emène sur les traces des colporteurs et des façonneurs de haches de jadéite polies, des montagnes du nord de l'Angleterre jusqu'aux Alpes et à l'Italie. Mention spéciale aux interventions de Pierre Pétrequin, sans nul doute autant conteur que chercheur. Je crois que le film est visible en intégralité sur le site de l'auteur, Robehopefilms.

L'homme de Florès ou le conte des derniers hobbits, j'en avais entendu parler en bien (par Florent Rivère, je crois), mais je ne l'avais pas vu. Ce docu est excellent. Limpide au niveau scientifique, il nous fait découvrir les travaux méticuleux des chercheurs, puis leur perplexité, jusqu'aux légendes et récits anciens des peuples de l'île, appelés en renfort pour tenter d'élucider le mystère de ce petit humanoïde oublié du temps.


Enfin, j'ai été très intéressé par le documentaire L'ADN, nos ancêtres et nous. Il est passé plusieurs fois sur Arte, je sais, mais je ne l'avais jamais vu. Vraiment très bien fait. A la fois bien rythmé, riche de nombreuses interventions de scientifiques de premier plan, et débouchant sur de vastes et passionnants débats. A noter d'amusants morphing de visages modernes en visages néandertaliens...

Voilà pour les films qui m'ont le plus marqué.

Mais à Pech Merle, comme vous le savez, il y aussi et surtout la grotte ornée ! Que je n'avais jamais vue. Autant vous dire que je n'ai pas laissé passer l'occasion et que je suis allé la visiter.
Très impressionnant. Et très étrange. Malgré une assez forte concentration en CO2 qui pèse légèrement sur la poitrine, cette grotte est merveilleusement accueillante. Du strict point de vue géologique, Il en émane une sensation d'intimité, de majesté et de douceur tout à fait particulière. Quant aux peintures, que dire ? La main négative et les chevaux ponctués sont tout simplement bouleversants.


Quelques jours plus tard, je suis allé visiter une autre grotte : celle d'Aldène, à quelques kilomètres de chez moi. Cette grotte ornée à l'époque aurignacienne va en effet me servir d'inspiration pour l'une des dernières scènes des aventures de Vo'hounâ. Rien à voir avec Pech Merle, pour le coup. Située dans les gorges de la Cesse, la grotte est immense et relativement austère, peuplée de chauves souris. La galerie ornée, toute petite, est simple et magnifique : on y trouve des lions, un mammouth, un ours, un rhinocéros, un cheval... l'essentiel du bestiaire aurignacien est là, gravé avec adresse, mêlé à des griffades d'ours. Il y a de quoi rêver et réfléchir...


Les connaisseurs l'auront remarqué : les illustrations ci-dessus des chevaux ponctués de Pech Merle et du lion d'Aldène sont signées Éric Le Brun. Pour voir ma version du lion d'Aldène, il faudra attendre la sortie de l'intégrale Vo'hounâ.

Comme je ne pense pas que je trouverai le temps de revenir au clavier d'ici là, sachez que je serai présent lors du 2ème salon du livre de préhistoire de la Chapelle-aux-Saints le 4 et 5 août prochains (avec Éric le Brun notamment, mais aussi plein d'autres dessinateurs, chercheurs et auteurs, dont Marc Guillaumie, qui m'épaule précieusement dans mon adaptation de La Guerre du Feu), et, dans la foulée, le 9 août au 4ème festival de la BD préhistorique du Paloésite de Saint Césaire.
A bientôt !